dimanche 6 avril 2014

Cauchemar au Péry, ou comment maigrir avec un brunch

Il est de ces billets qu'on ne s'imagine jamais vraiment écrire. Et pourtant, lorsque l'expérience dépasse tous vos pires cauchemars en termes de cuisine et d'accueil, l'exercice de retranscription peut se révéler extrêmement libérateur. Mais j'ose espérer, dans un même temps, qu'il sera tout aussi salvateur, parce que j'essaie de penser à toutes ces personnes qui viendront s'asseoir à ma place un jour à cette adresse.

Dimanche 6 mars midi, les éclaircies sont bel et bien présentes, l'air doux au rendez-vous, les premières fraises gariguettes et asperges vertes dans le panier, une petite soif nous chatouille. Cela tombe bien, nous devons retrouver des amis un peu plus tard dans ce bar/restaurant dans lequel nous nous sommes déjà retrouvés plusieurs fois pour y boire des verres et y manger des tapas sans prétention, mais y siroter également des cocktails très corrects. 

La terrasse du Péry se remplit peu à peu sous le soleil, nous buvons nos consommations et les terminons tranquillement. Nous demandons à une des serveuses si nous pouvons réserver les 2 tables se trouvant à nos côtés pour nos amis qui ne devraient plus tarder. Un "ouais ouais" nous est adressé, suivi d'un "je vous laisse gérer" nonchalant au possible, elle ne nous adresse même pas un regard. Bref, elle doit être un peu stressée, nous lui pardonnons, bien que je garde une réserve quant à sa façon de parler aux clients. 

Nos amis arrivent peu après pour un déjeuner qui s'annonce agréable et convivial. Ils sont installés depuis plus de 20 minutes, et nous devons déjà réclamer la carte à une deuxième serveuse qui nous voit patienter mais qui passe à côté de notre table sans  nous prêter attention. Mon amie en face de moi me confie qu'il y a quelques temps, elle a attendu près d'une heure pour avoir la carte, et autant de temps pour avoir le plat qu'elle avait commandé. La serveuse paraît débordée soit, mais elles sont tout de même trois pour assurer le service en terrasse. Mais cette dernière s'avère bien plus agréable que la première serveuse, et nous ramène les cartes très rapidement.

Là commence le début du calvaire. La première serveuse vient prendre la commande, note nos premières consommations du début et nous demande ce que nous avons choisi. "Du tartare de bœuf  ? Nous n'en avons plus, on vient de me le dire". Dommage, nous étions 4 sur 8 à en désirer un. "Du cassoulet ? Nous n'en avons plus non plus. Du tartare de poisson ? Non plus. En fait tout ce qui est tartare, il n'y en a plus."
OK, nous sommes dimanche, il est 13h45 et 3 choix assez courants ne sont déjà plus disponibles. Nous nous rabattons sur le Péry Burger, sur une assiette de gambas et un brunch salé à 13€ pour trois d'entre nous (dont je fais partie). 

Dix minutes plus tard, les consommations que nous avions prises au tout début avant notre déjeuner reviennent sur la table. Ils se sont emmêlés les pinceaux, ça arrive, mais conjugué aux soufflements de la serveuse visiblement énervée (toujours la première), la moutarde commence à me monter au nez. J'accepte de garder mon café puisque il est inclus dans le brunch. Le chocolat chaud de mon voisin de tablée arrive, je le goûte ; il est coupé à l'EAU. Mon café a le temps de refroidir jusqu'à ce que mon brunch arrive. Mais quand mon assiette me parvient 15 minutes plus tard, je ne parviens pas à réprimer mon agacement. Le feu aux joues, je reste pantoise face au scandale posé dans mon assiette. Je vous laisse juger par vous-même :

Comment faire perdre tout entendement à Gordon Ramsay et Philippe Etchebest réunis

Oui, c'était vraiment pas bon, pour ne pas reprendre le mot de Nicole Bricq infligé au repas cuisiné par le Chef de l'Elysée et sa brigade il y a une quinzaine de jours. Le parallèle que je fais là est certes douteux, je vous l'accorde, mais c'est tout bonnement pour éviter d'écrire le fameux mot. Si le burger et l'assiette de gambas sont corrects voire même bons, nous sommes tous les trois dépités par ce que nous nous apprêtons à manger. 

La mocheté de l'assiette est à la hauteur de l'absence de respect des produits présentés
- la galette de "pommes de terre" de la carte n'est rien qu'une purée en flocons Mousline passée au four dans un moule, pas assaisonnée du tout,
- le bacon semble avoir été grillé sur une plaque sale et a un goût de brûlé, 
- la tomate "provençale" est insipide,
- les bouts de concombres non assaisonnés semblent se battre en duel à droite de mon assiette,
- les deux tranches de pain ne sont pas "grillées" mais sèches, je cherche toujours leur fonction d'ailleurs, si vous la retrouvez, faites moi signe,
- "les œufs à la poêle ou brouillés", dont le choix ne nous a pas été soumis, ont été rétrécis à un œuf extrêmement baveux au dessus et complètement brûlé en dessous.
- les champignons poêlés assez corrects, mais présentés avec deux bouts d'oignons rouges pas cuits au dessus. Champignons que je soupçonne congelés par ailleurs.

C'est au moment où je me dis que j'ai rarement aussi mal mangé pour 13€, voire même jamais de mon propre souvenir, que j'entends à la table d'à côté "et le tartare de boeuf, bon appétit à vous !", que je bondis littéralement, profondément énervée par tous les couacs de ce déjeuner qui ressemble plus à une grève de la faim (et du service surtout) qu'à un moment détendu et gourmand. 
Je finis mon assiette par dépit, l'estomac creux et frustré. Je signifierai tout ça plus tard à la serveuse qui se fend d'une excuse que j'ai du mal à accepter ("on peut précommander les plats!"), étant donné que les tartares se succèdent les uns à la suite des autres sur les tables voisines, et qui, pour clore la conversation, me jette un regard dédaigneux et condescendant à souhaits.  Peut-être serait-ce utile de lui rappeler que le B.A-BA de la restauration, c'est payer pour un service, en l’occurrence, manger une nourriture correcte (je ne m'attendais pas à de la haute gastronomie, loin de là) dans un cadre accueillant avec un minimum de respect pour le client.

Oui, je n'ai pas mâché mes mots aujourd'hui, mais c'est pour mieux préserver vos papilles (et les miennes!) d'un tel désastre. Désastre aussi bien lié au personnel qu'au niveau culinaire.
Je suis repartie l'estomac dans les talons, mais aussi allégée de 13€. J'oubliais presque : c'est la saison des régimes.

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